vendredi 5 juillet 2013

Ka Boom, Lastman, Cyclope, Long John Silver

Dernièrement, j' ai acheté pas mal de trucs :

Le magazine KaBoom n°2
Lastman 2 (Balak, Vives, Sanlaville)
Long John Silver 3 (Mathieu Lauffray)
Un abonnement au webzine Professeur Cyclope (euh plein de gens, je crois que Pedrosa dirige un peu ça et dedans y a Stephen Vuillemin qui déchire)


Lastman 2 :



   Bon pour ça, j' ai pas grand chose à dire, c' est très chouette et j' attend vivement la suite . Apres voilà, c' est un manga like, donc j' imagine que plus on attend et plus ça prendra de la fropondeur dans les persos, dans l' intrigue (qui reste tres obscure pour l' instant) .
   Pour l' instant c' est sympa, tres efficace, apres y a rien de dingue non plus, mais c' est plein de promesse :)



Long John Silver 3 :




Là je suis un peu resté sur ma faim quand même . Faut dire que ma faim était grande, j' attendais beaucoup de ce tome .
   Je me suis demandé au cours de la lecture, si c' était moi qui avait changé de goût depuis la lecture des 3 premiers, de Prophet, etc.
   Forcément quand t' as un rythme de parution comme ça, je trouve que c' est normal de pouvoir changer de goût d' un tome à l' autre . Surtout que j' ai commencé la série quand j' étais en pleine découverte du monde de la bd .
   Donc je sais pas, faudrait que je relise les autres . Mais disons que ce tome me paraissait se lire un peu trop rapidement, l' histoire sans grande profondeur, en enchaînant des scènes de tueries avec un suspens pas bien incroyable .
   Le côté psychédélique que prend le tome est assez fun quand même . T' as des belles cases qui m' ont fait penser à ... je sais pas, plein de trucs que j' arrive pas à cibler . Des compos tres graphiques, tres designs, un peu abstraites, symboliques ... On sent que Mathieu Lauffray s' est fait plaiz niveau dessin, et c' est cool .
  
   M' enfin ça a ptet un peu trop pris le dessus sur la dramatisation à proprement parler quoi . J' ai un peu eu l' impression que les actions s' enchaînaient super vite, sans prendre le temps de mettre en avant l' enjeu, la tension, tout ça ...Peut-être qu' il y avait trop d' intrigues à conclure à la fin et qu' il a fallu tasser et aller vite . Je sais pas trop .
   Mais c' est qu' un ressenti à vrai dire, j' ai pas cherché à vraiment cibler le problème . Et c' est peut-être tout simplement moi qui était fatigué au moment où j' ai lu la bd . Ça arrive ...



KaBoom n°2 :





Bon alors c' est ce magazine qui m' a poussé à écire l' article .
D' abord il est ultra cool, ne serait-ce qu' à cause du contenu annoncé :


   Et puis tout simplement, je boude un peu les magazines actuels, or celui-là je suis bien parti pour le lire de A à Z (bon je me passerai ptet d' un article ou 2) .
   Les interviewés sont des auteurs de ouf, et les interviews forcément sont ultra intéressantes . Pour quelqu' un qui aime bien comprendre le fonctionnement et le chemin de mes auteurs preferés, c' est génial .

   Ainsi je comprend que je ne serais jamais un scénariste comme Naoki Urasawa (20th century boys, monster) puisque non, moi quand j' étais enfant; je n' étais pas seul au point de passer de longues discussions devant le mirroir avec Smith, mon ami imaginaire .

Je reporte 2 passages d' une interview qui m' a fait reflechir .
Il s' agit d' une interview de Masuzo Furukawa, fondateur de Mandarake, chaîne spécialisée dans la culture populaire japonaise, dont quelques librairies les plus grandes au monde . Donc un gros truc . Le type n' en reste pas moins un ancien mangaka et passionné (c' est l' impression qu' il m' en donne en tout cas)

KB :
Pourquoi pensez-vous que la bande dessinée est bien plus populaire au Japon que dans d' autres pays, comme la France par exemple ?
MF :
En France, le manga a tout de même beaucoup de succès. Vous êtes le premier pays consommateur après le Japon, même si votre marché reste loin derrière.
Si le marché de la bd a connu un tel essor au Japon, ce n' est pas parce que nous sommes plus idiots, mais parce que notre marché est moins régulé que le vôtre, en termes de créativité et d' audience.
Jusqu' à présent, au Japon, l' essor économique profitait à la société du divertissement et à la culture. Sur le marché des fanzines de bande dessinée indépendants, très vivace au Japon, on pouvait trouver de tout et n' importe quoi, du street art, jusqu' à des trucs dégueulasses et pornographiques . Les métissages graphiques ou thématiques, étaient courants.
Or, dans la plupart des pays étrangers, la régulation étrangle la création en jugeant que tel livre ne se destine qu' à tel public, que ce livre-ci n' est pas bien et que les enfants ne doivent pas lire cela, etc.
Même Dragon Ball, en France, a essuyé des critiques de la part de ligues de famille en son temps . C' est dire votre niveau de contraintes .


Ma petite reflexion :

Pour cette question, on pourra répondre que tout de même, la France comporte bien plus « métissages graphiques » .
Mais je pense comprendre ce qu' il entend par cette réponse . Les cibles de public au Japon m' ont l' air vachement plus variées (quand tu vois le yaoi, l' ero guro, les histoires d' horreurs, et même dans les shonen, les univers sont quand même assez complets, entre hunter x hunter, shaman king, naruto, dragon ball, par exemple, t as quand même pas mal de variété)
Mais surtout, je pense qu' en parlant de régulation qui étrangle la création, il pense particulièrement à une régulation au niveau « bienséance » « grand public » etc.
Et c' est clair que le Japon à ce niveau, à vraiment des histoires pour tout le monde, petits et grands, hommes et femmes, pervers, brutes, sentimentaux, amateurs de frissons, etc.etc.
Je pense qu' en france on aura plus tendance à cibler plus large, mais moins spécifique du coup . Même si on garde pas mal de récits types, très ciblés .
Et je pense que le pire, c' est aux Etats Unis, où le gros de la production c' est les comics (je met de côté tout le côté underground hein) . On reste ultra « régulés » en terme de cul, de violence, et de politiquement correct . C' est grand grand public quoi .

   Enfin tout ça, c' est la question de savoir à quel point on essaie de viser un public large, au risque de n' avoir aucun public spécifique (si ce n' est tout le monde) . Faire une histoire universelle qui touche tout le monde .
   Ou au contraire à quel point on essaie d' avoir un public bien précis, avec une relation peut-être plus intime du coup .
   Apres voilà, je pense que chaque côté à son intérêt .


[...]

KB :
Pourquoi le marché baisse-t-il ? (au Japon)
MF :
Le manga nécessite uniquement un crayon et une feuille; Cette simplicité d' accès à conduit à un sentiment de liberté , qui se diffusait dans la création. Pour moi, si le marché baisse, c' est que la création amatrice, au cœur de la vivacité de la bande dessinée dans notre pays, commence à être de plus en plus régulée. La violence, la sexualité, sont progressivement interdites. L' originalité et le caractère transgressif des œuvres tendent à disparaître, par conséquent, les ventes chutent.



Là encore, on parle de régulation de violence, de sexe .
J' imagine apres tout que le lecteur lambda de bd, celui qui alimente le marché . Le type qui va acheter une bd spéciale « blagues sur la crise de 40aine » . Et bien ce type ne cherche rien de transgressif .
Et c' est peut-être ce que pas mal d' editeurs se disent . Apres tout, c' est eux qui font vivre le marché, donc autant combler le désir des acheteurs .
Maintenant, je pense qu' un lecteur un peu plus confirmé cherchera toujours du transgressif en effet . Le truc qui le bouscule . Même si c' est un type qui lit toujours le même genre de bd depuis 20 ans, je pense qu' il cherche un truc qui le bouscule un peu dans ce genre en lui-même .
   Je disais que y avait rien de super transgressif dans les comics, si on les compare à d' autres univers plus violents ok, mais si on reste dans le monde des comics, y a plein de petites transgressions qui font avancer l' univers, les apports de Miller et Moore, les trucs genre Civil Wars, etc.)

Enfin ce que je pense, c' est que même si le le marché de la bd repose essentiellement sur des classiques et des trucs pas/plus transgressifs du tout, pour se renouveler elle doit quand même alimenter un marché plus spécialisé qui lui cherche un peu plus à bousculer les choses .
   Ainsi à chaque génération on a des types qui lisent leur vieux trucs, label bd a succès, sans trop chercher du nouveau, et des types qui cherchent les nouveautés .
   D' ailleurs c' est ce qu' entend Masuzo Furakawa par "la création amatrice, au coeur de la vivacité dans notre pays" .



   Enfin peu importe . La premire réaction que j' ai eu à propos de l' interview c' était de savoir si oui ou non, la bd comportait moins de violence et de sexe aujourd' hui .

   Forcément ça serait assez paradoxal étant donné la pseudo libération sexuelle d' aujourd' hui où tout le monde est sensé être épanoui en suivant des modèles hallucinants, tirés de magazines pour jeunes filles, de trucs de modes, de séries à la skins, girls (que j' adore et qui font malgré tout un effort pour montrer une société « true »), ou encore de pornos .

   Mais déjà j' avais fait le constat, en lisant le fluide glacial n°1 et des echos des savanes du début, c' était bien plus osé que ces même magazines aujourd' hui .
   Et en y réfléchissant, je crois qu' un Ranxerox aujourd' hui serait inimaginable (une gamine avec un robot à baiser ?) .
   Et de même si on regarde les bd pornos . Je crois qu' aujourd' hui on est bien à l' image de ce paradoxe de société : On a quelques compils de récits erotiques, des trucs tres « liberés », les péchés mignons, et autres trucs pseudo-transgressifs . (apres je sais pas c est ptet bien hein, j' ai pas lu)
   Mais les types du genre Crepax, Magnus, Manara, Serpieri, Pichard, c' est un peu fini . Ce que j' entend par là c' est qu' on a plus vraiment d' auteurs spécialisés dans le cul et reconnus pour leur talent .

Donc oui, c' est fini les conneries !


Professeur Cyclope :



Alors ce magazine ou webzine plutôt, au début j' étais pas sûr de vouloir m'  abonner .
   En fait y avait qu' une seule chose qui m' attirait vraiment beaucoup dedans c' était Stephen Vuillemin, dont la bd continuait uniquement dans le magazine .
   Et c' est juste un truc de fou son boulot .
   Un univers completement zarbi, en mode jeunes de ville, de Paris j' imagine . Avec un côté super étrange et dégueulasse, un peu fantastique, qui rappelle pas mal d' univers de bd alternatifs . Dans le dessin aussi .
   Et le tout racontés avec des gifs animés, super graphiques, dégoulinants et frenetiques (le type sort des gobelins) sans que ça fasse artificiel non plus . Je veux dire, c' est pas juste une bd avec des effets pourris d' animations dans les cases .

J' en met quelques extraits parce que merde :






Et donc voilà, j' ai fini par ceder et payer pour le magazine . Et puis ben je trouve ça vraiment chouette quand même . Pas fantastique mais largement correct .
Y a de l' histoire . Beaucoup . Et à ce niveau là c' est pas juste quelques petits bouts de tomes et strips sans intérêts comme on peut voir dans certains magazines .

La qualité est là aussi . Et ça se lit agréablement sur l' écran, c' est tout fait pour . Apres je sais pas si ça vaut le papier, moi j' ai pas de tablette ni d' ordi portable, donc ça reste de la lecture à la maison . J' oublie un peu le côté pratique du magazine qu' on peut lire à la terasse d' un bar ou dans le train .

Pour le prix je sais pas, c' est un prix assez normal, mais je pense que ça reste quand même un petit peu cher pour du numérique .
Je me serai bien dit qu' en passant pour le numérique, t' enlèves une grosse charge de frais habituellement donnés pour les magazines papiers. Mais là, la différence est pas flagrante (enfin t' as quand même pas mal de matos à lire par numéro) .


3 commentaires:

  1. Il est difficile de comparer le marché du manga et la BD européenne puisque la culture est complètement différente. On sait que le manga doit son succès aux trajets banlieue/boulot et que la baisse des ventes est directement dûe à l'arrivée des smartphones - les gens pour s'occuper regardent leur smartphone et jouent avec au lieu du lire du manga.
    La réflexion sur les contraintes dans les récits en France par rapport au Japon est très drôle puisque l'on sait que les Japonais, s'ils sont très libres dans leurs histoires, ont des contraintes sociales, culturelles et sentimentales bien plus violentes qu'en France. Il faut savoir si dans une société il vaut mieux avoir plus de chance de coucher avec une vraie fille que de trouver une BD de cul vraiment osée :-)
    La "liberté" narrative des années 60/70 vient d'une évolution sociale et culturelle qui est intégrée. De plus, les auteurs que tu cites sont des hommes et les fantasmes purement masculins sont moins acceptables dans une société qui se veut plus mixte. Si Pichard pouvait passer pour un provocateur à son époque, il risque aujourd'hui d'être vu comme un obsédé machiste.

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  2. Pour la bd qui doit son succès aux trajets banlieue/boulot . Oui j' imagine que ça joue un rôle important . Mais quand même j' ai l' impression que ça se limite pas à ça . Même dans le monde du dessin animé, et du jeu vidéo, le japon est assez développé . J' ai l' impression que ça a toujours été une culture de l' image

    Et pour le reste je suis assez d' accord oui . Même si je trouve ça un peu triste qu' on condamne autant les trips machistes . Pour moi c' est des délires à prendre au second degré . Ou comme des provocations, des fantasmes, brefs, des trucs qu' il ne faut pas prendre trop au serieux .

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  3. Je suis tout à fait d'accord que les trips "de mec" ont autant leur place que des délires de "nana" même s'ils sont souvent politiquement incorrects. Le problème c'est que les types adeptes de ce genre de choses sont souvent insupportables en public :-).

    Le Japon, terre d'images, je ne peux qu'acquiescer. Ce sont les réponses du mangaka qui m'ont fait réagir: on peut se poser la question de la richesse de l'imaginaire japonais en le confrontant à la lourdeur de ses structures sociales. C'est un peu comme l'énergie du rock britannique sous l'ère Thatcher. Est-ce qu'il vaut mieux une société plus juste et plus conciliante mais à la création artistique moins passionnante que le contraire ?

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