Miyazaki Starting Point 1979-1996 : citations et traductions chap 4
Des gens
Je me suis détaché d' Osamu Tezuka quand j' ai vu la « main de dieu » en lui
Tezuka-san était un rival contre lequel j' ai combattu
Cet article est sensé faire partie d' un numéro spécial consacré à Tezuka . J' imagine donc qu' il va y avoir un grand rassemblement de gens qui vont regretter en chœur son décès . Et je ne compte pas y ajouter ma voix .
Je pense que j' ai été bien plus impliqué avec M. Tezuka que tout ce gang qui se promène en parlant de lui comme un dieu . C' était un rival contre lequel je suis entré en compétition et pas quelqu' un que je place sur un piédestal . Bien sûr, pour Tezuka, je n' ai peut-être pas été un rival du tout d' ailleurs .
Dans ce business de toute façon, je n' aurai jamais été capable de faire mon travail étant donné que je considérais l' homme comme un dieu et que je le reléguais à une place sacrée .
[…]
Puis après que j' ai eu 18 ans, j' ai décidé que je ferais mieux de commencer à dessiner mon propre manga . J' ai réalisé que je devais combattre contre moi-même pour me débarrasser des influences de Tezuka qui s' étaient inscrit si profondément en moi . C' est devenu un gros problème .
Je n' ai absolument pas de souvenir d' avoir jamais imité Tezuka et j' ai jamais pensé qu' il y avait une ressemblance dans nos styles . Mais les gens n' arrêtaient pas de me dire que mon style ressemblait au sien . C' était terriblement humiliant .
Maintenant, je sais que certaines personnes disent qu' il vaut mieux commencer à dessiner des mangas, en imitant les autres, mais j' ai toujours pensé que c' était la mauvaise approche . Peut-être que c' était parce que je suis le 2ème enfant de la famille et pas le 1er . Mais j' ai toujours pensé que je ne devais jamais essayer d' imiter mon grand frère ou mes prédécesseurs .
Donc, quand j' ai été forcé d' admettre que mes dessins ressemblaient effectivement à ceux de Tezuka, je les ai tous rassemblé, je les ai brûlé, et j' ai résolu de tout recommencer à zéro .
Et […] avec la conviction que j' avais besoin d' étudier les bases en premier, je suis revenu pour exercer le dessin et le croquis . Et pourtant, même ainsi, ça n' a pas été facile de me débarrasser de l' influence de Tezuka .
Ce qui a finalement rendu ça possible, c' est quand je suis rentré dans les studios de Toeï Animation j' avais 23 ou 24 à l' époque . Il y avait une nouvelle tendance à l' effet et j' ai réalisé que je pouvais créer une direction différente pour moi-même en tant qu' animateur . Quand je dis « en tant qu' animateur » je ne parle pas de créer mes propres personnages mais simplement de trouver comment les faire bouger et comment exprimer différents types d' actings .
Pour moi le problème, c' est devenu de trouver comment créer le mouvement donc la question de savoir si mon dessin ressemblait ou non à celui d' un autre est devenue tout d' un coup hors de propos .
[…]
L' astuce d' un créateur
Quand est-ce que je suis passé par le rite de passage qui m' a permit de me détacher de Tezuka ?
Eh bien c' était en regardant quelques uns de ses jeunes travaux d' animations .
Je me suis retrouvé dégoutté par le pessimisme des travaux tel que Ningyo (Sirène) ou Shizuku (la goutte), qui montrait une goutte d' eau qui tombait sur un type assoiffé à la dérive à la mer .
J' ai trouvé que ce pessimisme était qualitativement différent du pessimisme que Tezuka avait dans les anciens temps, comme dans les débuts d' Astro boy par exemple . Mais peut-être aussi que dans les jeunes jours, je sentais la grande tragédie et je tremblais d' excitement au pessimisme facile précisément parce que j' étais jeune . C' est quelque chose que je ne peux possiblement confirmer sur ce point .
En tout cas j' ai senti plus tard une sorte de problème dans son boulot . J' ai senti que c' était comme si Tezuka avait quelques petits dessinateurs qu' il sortait , qu' il ressortait un truc qu' il avait déjà utilisé il y a longtemps, et pensait « wow, regarde ça ! » Avant de rassembler tout ça en une sorte de travail .
Dans les « contes du coin de la rue » de Tezuka, il y a une scène dans le film […]
J' ai senti la « main de dieu » de Tezuka, dans ces scènes, dans le sens où il était consciemment et délibérément en train d' essayer de décrire une sorte de beauté apocalyptique pour impressionner tout le monde . […]
De la part d' un de mes senor dans l' industrie, j' ai entendu une fois que quand Tezuka travaillait sur Saiyuki, il a recommandé plusieurs fois d' insérer un épisode montrant le héros singe, Songoku revenant et trouvant sa copine morte (une singe aussi) . Mais il n' y avait aucune raison pour que la fille singe soit morte . Quand j' ai appris que Tezuka avait préconisé ça simplement parce que « ça serait plus émouvant » j' ai vraiment compris que je pouvais me détacher de lui .
Ça résume mon opinion sur Tezuka .
Tezuka-san était un rival contre lequel j' ai combattu
Cet article est sensé faire partie d' un numéro spécial consacré à Tezuka . J' imagine donc qu' il va y avoir un grand rassemblement de gens qui vont regretter en chœur son décès . Et je ne compte pas y ajouter ma voix .
Je pense que j' ai été bien plus impliqué avec M. Tezuka que tout ce gang qui se promène en parlant de lui comme un dieu . C' était un rival contre lequel je suis entré en compétition et pas quelqu' un que je place sur un piédestal . Bien sûr, pour Tezuka, je n' ai peut-être pas été un rival du tout d' ailleurs .
Dans ce business de toute façon, je n' aurai jamais été capable de faire mon travail étant donné que je considérais l' homme comme un dieu et que je le reléguais à une place sacrée .
[…]
Puis après que j' ai eu 18 ans, j' ai décidé que je ferais mieux de commencer à dessiner mon propre manga . J' ai réalisé que je devais combattre contre moi-même pour me débarrasser des influences de Tezuka qui s' étaient inscrit si profondément en moi . C' est devenu un gros problème .
Je n' ai absolument pas de souvenir d' avoir jamais imité Tezuka et j' ai jamais pensé qu' il y avait une ressemblance dans nos styles . Mais les gens n' arrêtaient pas de me dire que mon style ressemblait au sien . C' était terriblement humiliant .
Maintenant, je sais que certaines personnes disent qu' il vaut mieux commencer à dessiner des mangas, en imitant les autres, mais j' ai toujours pensé que c' était la mauvaise approche . Peut-être que c' était parce que je suis le 2ème enfant de la famille et pas le 1er . Mais j' ai toujours pensé que je ne devais jamais essayer d' imiter mon grand frère ou mes prédécesseurs .
Donc, quand j' ai été forcé d' admettre que mes dessins ressemblaient effectivement à ceux de Tezuka, je les ai tous rassemblé, je les ai brûlé, et j' ai résolu de tout recommencer à zéro .
Et […] avec la conviction que j' avais besoin d' étudier les bases en premier, je suis revenu pour exercer le dessin et le croquis . Et pourtant, même ainsi, ça n' a pas été facile de me débarrasser de l' influence de Tezuka .
Ce qui a finalement rendu ça possible, c' est quand je suis rentré dans les studios de Toeï Animation j' avais 23 ou 24 à l' époque . Il y avait une nouvelle tendance à l' effet et j' ai réalisé que je pouvais créer une direction différente pour moi-même en tant qu' animateur . Quand je dis « en tant qu' animateur » je ne parle pas de créer mes propres personnages mais simplement de trouver comment les faire bouger et comment exprimer différents types d' actings .
Pour moi le problème, c' est devenu de trouver comment créer le mouvement donc la question de savoir si mon dessin ressemblait ou non à celui d' un autre est devenue tout d' un coup hors de propos .
[…]
L' astuce d' un créateur
Quand est-ce que je suis passé par le rite de passage qui m' a permit de me détacher de Tezuka ?
Eh bien c' était en regardant quelques uns de ses jeunes travaux d' animations .
Je me suis retrouvé dégoutté par le pessimisme des travaux tel que Ningyo (Sirène) ou Shizuku (la goutte), qui montrait une goutte d' eau qui tombait sur un type assoiffé à la dérive à la mer .
J' ai trouvé que ce pessimisme était qualitativement différent du pessimisme que Tezuka avait dans les anciens temps, comme dans les débuts d' Astro boy par exemple . Mais peut-être aussi que dans les jeunes jours, je sentais la grande tragédie et je tremblais d' excitement au pessimisme facile précisément parce que j' étais jeune . C' est quelque chose que je ne peux possiblement confirmer sur ce point .
En tout cas j' ai senti plus tard une sorte de problème dans son boulot . J' ai senti que c' était comme si Tezuka avait quelques petits dessinateurs qu' il sortait , qu' il ressortait un truc qu' il avait déjà utilisé il y a longtemps, et pensait « wow, regarde ça ! » Avant de rassembler tout ça en une sorte de travail .
Dans les « contes du coin de la rue » de Tezuka, il y a une scène dans le film […]
J' ai senti la « main de dieu » de Tezuka, dans ces scènes, dans le sens où il était consciemment et délibérément en train d' essayer de décrire une sorte de beauté apocalyptique pour impressionner tout le monde . […]
De la part d' un de mes senor dans l' industrie, j' ai entendu une fois que quand Tezuka travaillait sur Saiyuki, il a recommandé plusieurs fois d' insérer un épisode montrant le héros singe, Songoku revenant et trouvant sa copine morte (une singe aussi) . Mais il n' y avait aucune raison pour que la fille singe soit morte . Quand j' ai appris que Tezuka avait préconisé ça simplement parce que « ça serait plus émouvant » j' ai vraiment compris que je pouvais me détacher de lui .
Ça résume mon opinion sur Tezuka .
Des commentaires conçis
On peut difficilement dire que je suis un des apprentis exemplaires de Yasuri Mori . Même en tant que nouveaux venu, j' ai été confrontalement impudent, insolent . Je ne pouvais voir son travail que comme quelque chose de dépassé .
Malgré ça, étonnement, Mori-san semblait toujours nous comprendre le mieux, nous, jeunes animateurs que nous étions . Et quand on essayait quelque chose de nouveau on était convaincu qu' il nous supporterait . Quel attitude égoïste et embarrassante j' ai pu avoir .
Mori-san a toujours été indulgent avec moi . Même avec cette attitude que j' avais . Il a approuvé quasiment tout en me disant de faire comme je voulais . Et il évaluait mes capacités à base de petits commentaires très concits .
C' est seulement plus tard que j' ai vraiment ressenti le poids, non , la peur, des commentaire de Mori-san . C' est seulement durant la projection du final de Little Norse Prince Valiant que j' ai réalisé sa vraie force . Pris en plein milieu de l' agitation pour terminer le film, je n' avais aucune idée du genre de boulot qu' il avait été en train de faire . Des larmes ont coulé de mes yeux .
Ce n' était pas parce que je le projet de 3 ans était fini . C' était parce que je ne pouvais pas m' empêcher de pleurer devant le personnage d' Hilda que Mori-san avait dessiné . Je pensais avoir mis tous mes efforts dans ce projet mais j' ai réalisé du coup que mon travail avait simplement été de créer un container .
C' était Mori-san qui l' avait rempli de son âme . Je n' avais jamais autant confronté l' immaturité de mon propre travail et mon propre concept de l' héroïsme mauvaise qualité
Mais c' est seulement plus tard que j' ai compris ça . Durant cette séance du final cut dans la salle de projection de Toeï, j' ai découvert pour la 1ere fois la substance et la tristesse dans la présence d' Hilda et j' ai pleuré pas en tant que membre de l' équipe mais en tant que spectateur .
[…]
Mori-san est venu à la projection de Totoro et m' a dit « C' est bon » . Comme toujours c' était un commentaire minuscule . Mais c' était aussi la 1ere fois que j' ai senti que Mori-san m' avais réellement félicité . Ces 2 mots valaient plus que tout au monde pour moi . Ils m' ont rendu extrêmement heureux.
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